Au Vietnam, les bâtonnets d’encens ne sont pas de simples objets odorants : ils incarnent un pont invisible pour relier le monde des vivants et le monde des ancêtres. Présents dans presque tous les foyers, sur les autels familiaux comme dans les pagodes, ils accompagnent les moments sacrés de la vie vietnamienne. Pourtant, peu de voyageurs connaissent la fabrication des encens au Vietnam, un artisanat traditionnel aussi délicat qu’empreint de symboles. Plongeons dans cet univers fascinant où chaque bâtonnet raconte une histoire.

1. L’encens au cœur de la spiritualité vietnamienne

Avant d’explorer la technique et les étapes de la fabrication des encens au Vietnam, il est essentiel de comprendre la place qu’occupe l’encens dans la culture locale. Offrir de l’encens n’est pas qu’un geste religieux : c’est un acte de piété filiale, de respect envers les ancêtres, de communication avec le monde spirituel.

Au Nouvel An lunaire, lors des commémorations ou des rituels bouddhistes, brûler de l’encens devient une façon d’envoyer des prières ou des vœux dans les airs. Chaque volute de fumée porte un message d’amour, de gratitude, de protection ou de paix. L’encens est aussi utilisé pour purifier les lieux, éloigner les énergies négatives et instaurer une atmosphère sereine.

2. Les grandes régions productrices d’encens au Vietnam

La fabrication des encens au Vietnam se concentre dans plusieurs villages spécialisés, chacun avec ses méthodes et son style propre.

Le village des encens de Quang Phu Cau à Hanoi est situé à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale, ce village est sans doute le plus connu. Ses milliers de bâtonnets d’encens rouges et roses séchant au soleil forment un spectacle visuel inoubliable.

Le village d'encens de Cao Thon dans la province de Hung Yen est réputé pour ses encens artisanaux fabriqués à partir de matériaux naturels et transmis depuis plusieurs générations.

Le village des encens de Xuan La (Phu Xuyen, Hanoi) est moins connu mais tout aussi actif, ce village perpétue également la fabrication des encens au Vietnam avec des techniques héritées du passé.

Ces villages vivent presque exclusivement de cette activité, qui rythme la vie quotidienne de centaines de familles.

3. Des matières premières 100 % naturelles

Ce qui distingue la fabrication des encens au Vietnam, c’est l’utilisation de composants naturels soigneusement sélectionnés. Le processus commence par la récolte et le traitement des matières premières, notamment :

La poudre de bois d’aloès (bois d’aigle) est recherchée pour son arôme riche et profond, elle est utilisée dans les encens de qualité supérieure.

Le bois de cannelle, de santal ou de phellodendron est moins coûteux mais très parfumés, ces bois entrent dans la composition des encens quotidiens.

Le bambou est finement découpé et taillé, il forme le cœur des bâtonnets.

La colle naturelle sert à faire adhérer la poudre parfumée sur le bâtonnet.

Les colorants naturels (souvent rouges ou roses) sont utilisés pour teinter les bâtonnets et leur donner leur aspect iconique.

La qualité des ingrédients influe fortement sur la senteur, la durée de combustion et même l’acceptation des encens dans les lieux sacrés.

4. Étapes de fabrication : entre technique et patience

La fabrication des encens au Vietnam suit un processus précis, souvent manuel, qui demande rigueur et savoir-faire :

Préparation du bambou

Les tiges de bambou sont d’abord séchées, puis coupées en fines baguettes de 30 à 40 cm de long. Elles sont ensuite lissées pour éviter les échardes, puis parfois colorées à l’extrémité pour les rendre plus attractives.

Préparation de la pâte parfumée

Les poudres de bois, les résines et les épices sont mélangées avec de l’eau tiède et de la colle végétale jusqu’à obtenir une pâte homogène. Cette mixture est le cœur olfactif de l’encens.

Enrobage du bâtonnet

Chaque bâtonnet est roulé à la main dans la pâte, ou parfois enrobé à l’aide de machines simples dans les villages plus modernes. Certains artisans répètent ce geste jusqu’à trois fois pour épaissir la couche parfumée.

Séchage au soleil

Les bâtonnets sont ensuite soigneusement disposés en éventail ou en bouquets pour sécher naturellement sous le soleil pendant un à deux jours. Cette phase est non seulement esthétique mais aussi cruciale pour la bonne combustion future.

Emballage et distribution

Une fois secs, les encens sont regroupés par centaine, attachés, puis emballés pour être vendus sur les marchés ou envoyés aux temples, boutiques de souvenirs ou exportés à l’étranger.

5. L’esthétique au service de la tradition

Dans la fabrication des encens au Vietnam, l’aspect visuel joue un rôle important. Les bâtonnets aux extrémités teintes de rouge ou de rose ne sont pas uniquement décoratifs : ces couleurs évoquent la chance, la prospérité et l’énergie positive.

Les scènes de séchage dans les villages sont devenues emblématiques, attirant photographes et voyageurs en quête d’artisans authentiques. Le contraste entre les couleurs vives des bâtonnets et la terre ocre crée une symphonie visuelle que l’on ne retrouve nulle part ailleurs.

6. Un artisanat menacé mais résilient

Malgré son ancrage culturel profond, la fabrication des encens au Vietnam doit aujourd’hui faire face à plusieurs défis :

La mécanisation : Dans certains villages, des machines permettent de produire à plus grande échelle, ce qui peut nuire à l’authenticité du produit.

La concurrence étrangère : Des encens industriels importés de Chine ou de Thaïlande, moins chers, inondent le marché local.

La pollution : Certains encens bas de gamme sont fabriqués avec des colles chimiques ou des colorants toxiques, suscitant l’inquiétude chez les consommateurs.

Face à cela, de nombreux artisans misent sur la fabrication des encens au Vietnam selon des méthodes écologiques, avec des certifications naturelles, et valorisent l’artisanat comme un produit culturel.

7. Expérience immersive pour les voyageurs

Pour les visiteurs curieux, plusieurs villages offrent désormais des ateliers où l’on peut découvrir la fabrication des encens au Vietnam de manière participative. À Quang Phu Cau, par exemple, des familles accueillent les touristes pour leur montrer chaque étape du processus.

Ces expériences permettent non seulement d’apprendre un artisanat unique, mais aussi de mieux comprendre la dimension spirituelle de ce produit du quotidien. Vous pourrez même repartir avec vos propres bâtonnets faits main, porteurs de sens et de mémoire.

8. Un symbole de continuité culturelle

Plus qu’un simple objet, la fabrication des encens au Vietnam est une transmission vivante de valeurs : respect des anciens, harmonie avec la nature, patience dans le travail, quête du beau et du juste.

Dans un monde qui court vers la modernité, l’encens reste une flamme douce qui relie les générations et les mondes visibles et invisibles. Il témoigne d’une sagesse millénaire que le Vietnam s’efforce de préserver, malgré les mutations du temps.

Comment est fabrication des encens au Vietnam ?

La fabrication des encens au Vietnam est bien plus qu’un artisanat : c’est une expression profonde de l’âme vietnamienne. De la sélection des ingrédients à l’enroulage délicat sur les bâtonnets de bambou, chaque geste perpétue une tradition séculaire, chargée de parfums et d’histoires. Pour les voyageurs qui sont en quête d’authenticité, visiter un village d’encens est une immersion dans un Vietnam intime, spirituel et profondément humain.

À découvrir absolument 

=> Village d'encens Quang Phu Cau